• Il est clair qu’il ne fallait pas compter sur le nombre de manifestants pour faire monter la pression. Effet post-CPE pour les étudiants, autre manif en même temps à République, week-end du premier mai… Bref la mobilisation n’était pas spectaculaire, malgré les annonces multiples (dont Charlie Hebdo et Ouï FM).
    Nous étions cependant déterminés à marcher vers l’Ambassade de Chine et réclamer vivement la libération de Gendun Choekyi Nyima. Les habitués comme les nouveaux venus (bienvenue à eux !) ont repris à grande voix les slogans, pleins de motivation.

                       

    Comme à chaque fois lorsque l’on se dirige vers l’Ambassade, un cordon de policier nous bloque environ 100 mètres en amont (cette fois ci, plus de policier que de manifestants !) Jusque là rien d’anormal. Nous n’avons jamais cherché à forcer ce barrage, d’une part parce que nous ne cherchons pas un affrontement inefficace, d’autre part parce que être devant l’ambassade pour dire qu’on y est…ce n’est pas très percutant.
    Cependant, nous nous adressons au gouvernement Chinois via ses représentants, et nous voulions nous assurer que le message allait arriver à destination. Nous avions donc prévu qu’une délégation aille déposer une lettre. Cette délégation était mentionnée dans l’autorisation de la préfecture. Vous suivez bien, nous avions un papier tamponné de la préfecture de Paris, responsable de l’ordre public dans la rue où nous étions, où il était écrit qu’une délégation allait déposer une lettre à l’Ambassade de la République Populaire de Chine. Mais voilà, cette idée ne semblait pas être du goût de M. l’Ambassadeur. Et c’est pourquoi au moment où la délégation s’apprêtait à partir, la police nous informe que non, changement de programme, personne ne bouge.


    Alexis et Christophe de France-Tibet brandissant la lettre

    Que l’Ambassade redoute (à tort) qu’une poignée de manifestant pro-tibétains menace leur bâtiment et demande à la police de nous tenir à l’écart est une chose. Mais ça en est une autre qu’elle puisse empêcher trois personnes (même escortées) d’exercer leur liberté de circulation en totale conformité avec ce qui avait été prévu avec la préfecture, par le biais (semble-t-il) d’un simple coup de fil !
    Le fait de déposer une lettre est une action simple et diplomatique, que nous avions faite de nombreuses fois sans qu’aucun problème n’ait été posé. On peut toujours jouer sur l’ambiguïté qu’un parcours de manifestation peut être revu au dernier moment en cas de problème grave (disons un accident, une inondation, une épidémie imminente de H5N1, que sais-je encore ?) Ici ce n’était pas le cas. Ici, les manifestants ont assisté avec tristesse à une démonstration de force des représentants du gouvernement chinois. Ici, nous avons constaté que nos libertés peuvent elles-mêmes subir un encadrement de la part d’une institution qui n’a théoriquement aucun pouvoir en France. Imaginez une seconde la situation inverse : l’ambassadeur de France en Chine téléphone à la police de Pékin pour lui demander d’interdire la circulation autours de l’Ambassade dans un rayon de 100 mètres. J’entends d’ici les rires de la police chinoise…
    Mais de cette situation amère nous pouvons retenir quelque chose : L’Ambassade de Chine, qui auparavant se contentait d’ignorer les Tibétains et les militants des droits de l’Homme, aujourd’hui s’en méfie. Deux fois en une semaine (le 25 avril aussi nous étions là, même attitude), elle s’est braquée et fermée à toute idée de dialogue. Peut être prend-t-elle conscience que notre mouvement gagne en ampleur, en influence et en soutien dans le monde. Elle pensait certainement qu’avec le temps nous nous lasserions, nous nous essoufflerions. A nous de lui montrer le contraire. A nous de nous mobiliser d’avantage, de multiplier les actions, les stands, les tractages. A nous de recruter toujours plus de monde.

    Voila pour le coup de gueule du militant, qui n’engage que lui mais qui semble refléter le sentiment général. Si je me bats pour plus de libertés au Tibet et en Chine, ce n’est certainement pas pour voir les miennes réduites. Ce genre d’événement ne peut que me renforcer dans mon engagement.


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