Les Hongkongais ont voté dimanche pour renouveler le parlement, un scrutin sans suspense tant Pékin garde la haute main sur la politique du territoire semi-autonome, mais crucial pour les pro-démocrates qui bataillent afin d'imposer le suffrage universel.
Les bureaux de vote ont fermé à 22h30 heure locale (14h30 GMT) mais les résultats n'étaient pas attendus avant lundi.
Le taux de participation a été d'environ 53%, presque huit pour cent de plus que les précédentes élections législatives de 2008. Il s'agit toutefois d'un chiffre de 2,6% inférieur au taux de participation record, atteint lors du suffrage de 2004. Un taux de participation élevé pourrait se révéler positif pour les partis pro-démocratiques, jugés meilleurs quand il s'agit de rassembler leurs électeurs.
Ce vote s'est déroulé alors que la veille, le gouvernement avait fait volte-face et renoncé à son projet controversé d'imposer des cours de patriotisme chinois obligatoires à l'école, cédant ainsi à la pression de la rue.
Pour la première fois depuis le retour de Hong Kong à la Chine en 1997, plus de la moitié des membres du conseil législatif, désigné pour quatre ans, est élue au suffrage direct. Les autres membres sont désignés par un double système de grands électeurs - majoritairement favorables à Pékin.
Le conseil législatif hongkongais va voir le nombre de ses représentants porté à 70, soit dix de plus qu'en 2008. Quarante sont soumis au suffrage direct.
L'enjeu pour les démocrates est de remporter au moins 24 sièges nécessaires pour obtenir un droit de veto sur les amendements constitutionnels. Les démocrates veulent notamment que la Chine tienne son engagement d'instaurer au prochain scrutin le suffrage universel direct: en 2017 pour le poste de chef de l'exécutif et d'ici 2020 pour le parlement.
"Si les pro-démocrates sont capables de rassembler la moitié des 70 sièges, ils auront le soutien nécessaire pour permettre l'avènement du suffrage universel en 2017", estime ainsi le politologue hongkongais Willy Lam.
Si en revanche ils font moins bien, ils ne pourront empêcher que "l'establishment" pro-chinois "impose des lois anti-démocratiques", prévient-il.
Mais les démocrates craignent que Pékin conçoive une version "light" du suffrage universel, en exigeant par exemple de sélectionner les candidats.
Depuis sa rétrocession par la Grande-Bretagne à la Chine en 1997, Hong Kong a le statut de Région administrative spéciale (RAS) et bénéficie en principe d'une large autonomie en vertu du modèle "un pays, deux systèmes".
Ses habitants jouissent d'une liberté de parole inconnue sur le continent mais Pékin contrôle largement en réalité la vie politique locale.
Les démocrates ont vu avec inquiétude l'élection en mars du nouveau chef de l'exécutif hongkongais, Leung Chun-ying, désigné par un collège de 1.200 grands électeurs majoritairement acquis à Pékin, craignant de nouveaux coups de canif dans l'accord de rétrocession.
A la veille de ces élections, le gouvernement de Hong Kong a annoncé qu'il renonçait à imposer des cours de patriotisme chinois obligatoires à l'école.
Il a amendé son projet de loi, ce qui signifie que "nous donnons autorité aux écoles de décider quand et comment elles souhaitent introduire des cours de morale et d'instruction civique", a déclaré le chef de l'exécutif de Hong Kong Leung Chun-ying.
Vendredi, une manifestation avait réuni 100.000 personnes contre ce projet devant le siège du gouvernement. Pendant l'été, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés à plusieurs reprises pour dénoncer ce qu'ils considéraient comme une tentative de lavage de cerveau des enfants avec la propagande chinoise.
Et 400.000 manifestants avaient défilé fin juin à l'occasion de la visite dans la mégapole du président chinois, Hu Jintao. Ce dernier avait alors assuré du soutien "inébranlable" de la Chine au statut particulier de Hong Kong.
Outre les manifestations contre le projet de loi sur l'éducation, les Hongkongais ont d'autres motifs de mécontentement: corruption et accroissement du fossé entre les très riches --les tycoons de Hong Kong-- et la classe moyenne, qui a du mal à payer les loyers faramineux réclamés par les propriétaires.
(dépêche AFP)
Manifestation à hong Kong le 1er Juillet 2012 pour la démocratie et contre les tentatives de restrictions de libertés du pouvoir central