• Candidats à la présidentielle 2012 face au Tibet

    A l'occasion des élections présidentielles, SFT-France et un grand nombre d'associations françaises qui militent pour la cause tibétaine ont, à l'initiative d'International Tibet Network, interpellé les candidats et/ou formations politiques sur la situation au Tibet à travers des courriers. Nous faisons ici une synthèse éventuellement commentée des réponses que nous avons reçu.


    -Eva Joly, (EELV) nous a répondu à travers notamment une tribune co-écrite et publiée sur Médiapart : le Tibet un combat profondement ecologiste ainsi qu'une réponse adressée aux questions du site tibet-info.net : réponse_d'Eva_Joly sur le_Tibet

    Dans la tribune, il est rappelé que "les écologistes, en France, en Europe et ailleurs, sont solidaires de la cause tibétaine" et soutiennent le gouvernement en exil, le dialogue et la résolution non-violente de ce conflit". Ils apprécient la posture autonomiste et non "une revendication d'indépendance qui ne voudrait rien dire dans le monde d'aujourd'hui". Sur ce point, SFT-France ne partage évidemment pas la même analyse puisque notre organisation, comme de nombreuses organisations tibétaines militent justement dans un large mouvement pour l'Indépendance du Tibet (Rangzen).

    Notons cependant une prise de position claire en soutien au Tibet, une reconnaissance du gouvernement tibétain en exil, l'engagement à recevoir officiellement le 1er ministre tibétain en exil Lobsang Sangay et une condamnation de la répression ("La France et l’Europe doivent dénoncer plus clairement qu’elles ne le font actuellement les répressions du pouvoir chinois").

     

    -Nathalie Arthaud (LO): A répondu dans un courrier soutenir le droit à l’autodétermination du peuple tibétain, être horrifiée par la repression exercée par l'Etat chinois sur le peuple tibétain tout en signalant qu'elle était contre "la théocratie" et que le "Dalaï Lama incarnait un courant réactionnaire". ( réponse_Lutte_Ouvrière_Tibet). Gageons qu'elle se réjouira d'apprendre que le Dalaï Lama n'exerce plus de responsabilité politique et que le représentant des tibétains en exil est maintenant un laïc. Remarquons que l'idée persistante que la lutte des tibétains viserait à rétablir une "théocratie" appelle vraiment à un travail de fond de la part des associations pro-tibétaines auprès des organisations politiques. Nous allons donc faire une réponse en ce sens.

     

    -Nicolas Sarkozy (UMP) via Jean-François Copé nous a répondu dans un courrier ( réponse_Copé UMP Tibet). Avec une langue de bois déconcertante, il est réaffirmé dans ce courrier que "la défense des droits de l'Homme a été une priorité de l'action politique" et que "Le Président de la République n'a transigé sur rien, et surtout pas sur la question de la liberté religieuse ou des droits de l'Homme au Tibet".

    Nous devions être dans une dimension parallèle ces 5 dernières années. Nous avons surtout le souvenir de la police française nous matraquant pour nous faire taire lors du passage de la Flamme Olympique à Paris en 2008, du silence complice ou au mieux d'évocations génées lors de la répression qui frappe toujours plus durement le Tibet depuis 4 ans. Nous avons aussi retenu le jumelage de l'UMP et du Parti Communiste Chinois. Sans doute Jean-François Copé a-t-il bien appris ses leçons lors de sa dernière rencontre avec les responsables du PCC  puisqu'il arrive à écrire une page et demi sans employer le mot "tibétain". Seuls demeurent les "habitants du Tibet" et "minorités établies à l'intérieur des frontières de la Chine". (Définition de "s'établir" : venir s'installer). Ça n'est plus la Chine qui occupe le Tibet mais les tibétains qui sont "venus" (d'où?) "s'installer en Chine". Du grand n'importe quoi. Notons que lorsque l'on parle du Tibet, l'UMP répond "liberté religieuse et droits de l'Homme", comme si cela englobait tout le problème. Ni indépendance, ni même autonomie, pour l'UMP les tibétains n'existent même plus !

     

    -François Bayrou (Modem) via Nathalie Griesbeck nous a répondu par un courrier

    réponse_Modem_Nathalie_Griesbeck_Tibet

    Une vive préoccupation face aux immolations, la dénonciation de la répression et menaces qui pèsent sur le peuple tibétain, un engagement de François Bayrou si il est élu à dénoncer la situation au Tibet, à défendre les intérêts du peuple tibétain et à encourager le dialogue pour résoudre le conflit, ainsi qu'à recevoir le 1er ministre tibétain en exil Lobsang Sangay. Au niveau Européen, "il est urgent de mettre la question tibétaine sur l'agenda politique européen". Mme Griesbeck, qui est vice-présidente de l'Inter-groupe Tibet au Parlement Européen nous fait savoir qu'elle a activement interpellé les institutions européenes sur le sujet, par la déposition de questions écrites à la Comission et la co-signature et la déposition d'une résolution d'urgence avec Marielle de Sarnez adoptée par le PE à propos des immolations et de la répression qui ont eu cours ces derniers mois. Toujours au niveau Européen, la Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères a été interpellée pour mettre la question des droits de l'Homme à l'ordre du jour lors du prochain sommet UE-Chine.

     

    -Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche) n'a pas encore répondu à notre courrier (ni le Parti de Gauche). Celui-ci s'était fait remarqué depuis 2008 en tenant des propos particulièrement hostiles à la cause tibétaine : braqué sur la personne du Dalaï Lama et des religieux, il dénonce un projet "théocratique". Cette position lui est régulièrement rappellée par les journalistes, qui souvent eux-même déforment la question dans le but dans un faire un simple objet polémique (ce que nous avions dénoncé ici).

    Monsieur Mélenchon déclare n'avoir "aucune tendresse pour le régime chinois", mais énonce des arguments fallacieux (historiques, politiques) qui semblent avoir directement été dicté par l'Ambassade de Chine.

    Cependant, d'autres composantes du Front de Gauche ont une attitude bien plus ouverte (sans être pleinement satisfaisante) sur le Tibet et nous ont rencontré, comme le PCF (voir notre compte rendu ici).

    Nous pouvons donc constater qu'au sein du Front de Gauche, la question tibétaine ne peut se résumer aux positions caricaturales de Jean-Luc Mélenchon qui continue à distiller le mensonge issu de la propagande chinoise que les tibétains en exil viseraient à rétablir une "théocratie" (pour rappel, nous avions déjà évoqué la question ici).
    Nous avons noté que le "Monsieur économie" du Parti de Gauche et proche de Jean-Luc Mélenchon, Jacques Généreux, a réaffirmé sur France Culture "qu'il "avait toujours soutenu la lutte du Peuple Tibétain" (http://www.dailymotion.com/video/xpvevs_les-matins-jacques-genereux_news?start=6#from=embed, entre 28.30 et la fin). Il y a donc une absence d'unité et une clarification à avoir avec le Front de Gauche sur la question du Tibet, si toutefois ils cherchaient une position unitaire sur ce sujet.

    Voilà pour l'heure les éléments de réponses que nous avons. Nous continuerons à contacter les organisations politiques et élus tout au long de leurs mandats.



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