• Article de Libération

    Libération, le 25/01/2012


    Les régions tibétaines s’embrasent, Pékin accentue la répression

    Par PHILIPPE GRANGEREAU, notre correspondant à Pékin.

     

    L’agitation s’aggrave dans les régions tibétaines, malgré une répression impitoyable menée depuis 2008 par les forces de sécurité chinoises. Lundi, l’armée a réprimé deux manifestations, tuant six personnes.

    Que s’est-il passé ?

    Les heurts se sont déroulés à Luhuo et Aba, dans les régions majoritairement tibétaines du nord-ouest de la province du Sichuan, aujourd’hui bouclées. A Luhuo, la police a tiré sur une foule de moines, d’éleveurs et de nomades qui avaient mis à sac plusieurs commerces tenus par des Chinois avant de manifester devant des bâtiments officiels. Six d’entre eux auraient été tués, selon une source citée par Radio Free Asia (RFA), et une trentaine d’autres blessés. La foule demandait la libération de Tibétains arrêtés pour avoir distribué des tracts titrés «liberté au Tibet» menaçant de déclencher une vague de nouvelles immolations par le feu.

    Depuis le mois de mars, 16 Tibétains, en majorité des religieux, se sont transformés en torches vivantes pour protester contre la politique répressive de Pékin. Selon une source citée par RFA, les autorités chinoises voulaient contraindre les Tibétains de Luhuo à fêter le nouvel an chinois, mais le clergé bouddhiste aurait appelé à un boycott, et décrété à la place deux semaines de prières pour les «martyrs».

    A Aba, la police chinoise a brutalement mis fin à une grande cérémonie organisée en l’honneur des Tibétains qui se sont immolés.

    Quelle est la réaction officielle ?

    Pékin affirme qu’un seul manifestant a été tué à Luhuo. Il faisait partie d’un «gang», composé notamment de moines, qui aurait «attaqué les forces de l’ordre» et détruit des ambulances et des voitures de police. Le gouvernement chinois, qui contraint les moines à renier leur «pape» - le dalaï-lama -, a fait accrocher des affiches de 13 mètres de haut représentant Mao et l’actuel président chinois, Hu Jintao, sur la façade des bâtiments officiels à Lhassa. «Ils expriment l’immense gratitude que ressentent les Tibétains à l’égard du Parti communiste», clamait hier l’agence Chine nouvelle en précisant que plus d’un million de drapeaux chinois ont été envoyés aux Tibétains afin qu’ils célèbrent comme il se doit la nouvelle année chinoise. Le nouvel an tibétain, lui, ne commence que le 22 février.

    Les troubles s’étendent-ils ?

    Oui, puisque concentrés jusqu’alors autour d’Aba, ils atteignent désormais Luhuo, à 300 km plus à l’ouest. L’avant-dernière immolation a eu lieu le 8 janvier à Golog, dans la province du Qinghai, à 750 km au nord. Le martyr était un éminent «bouddha vivant», ce qui est sans précédent. «Les troubles grossissent, note l’association autonomiste Free Tibet, tandis que l’Etat chinois répond de manière de plus en plus disproportionnée.»


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