• Lemonde.fr Shanghaï (Chine), Correspondant

     

    Plus d'un an après les manifestations qui ont secoué Lhassa en mars 2008, une organisation non gouvernementale (ONG) chinoise ose prendre à revers la thèse officielle et simpliste sur les événements, en publiant les résultats d'une enquête d'un mois sur le terrain, dans la province du Gansu, près de Xiahe et Hezuo, ainsi qu'au Tibet même, à Lhassa et Haidong.

    Rédigé par quatre chercheurs pour le compte de l'ONG Gongmeng (ou Open ConstitutionInitiative), un tel rapport, qui soulève des questions taboues en Chine, aurait difficilement pu voir le jour s'il n'avait pas été le fait deChinois Hans (population majoritaire en Chine), oeuvrant sous couvert de recherches universitaires.
    Gongmeng, fondée en 2003, n'est autre que la plate-forme des "avocats des droits de l'homme". Plusieurs de ses membres ont par ailleurs entrepris ces derniers mois de défendre des Tibétains accusés de divers crimes suite aux troubles de 2008, non sans s'exposer au harcèlement policier.
    Intitulé "Rapport d'enquête sur les causes sociales et économiques de l'incident du 14 mars dans les zones tibétaines" - ce jour-là, ont eu lieu au Tibet les plus importantes manifestations depuis celles de 1989 à Lhassa -, le texte d'une quarantaine de pages annonce très vite la couleur : au-delà des prétendus "facteurs externes" qui ont contribué à échauffer les esprits au Tibet en 2008, les auteurs notent combien ils ont ressenti, sur place, "le mécontentement populaire et la colère qui se cachaient derrière les incidents, et la complexité de leurs causes sociales".
    Il serait vain, expliquent-ils en substance, de faire l'économie d'un débat "autour des causes historiques de ces contradictions", des "questions de sentiment religieux et d'identité ethnique"ainsi que de "la réalité profonde des problèmes de conflits d'intérêts" au coeur de ce mécontentement. Ils s'en prennent ouvertement à la "surexposition de la violence du 14 mars par la propagande" à travers les médias, qui n'a conduit qu'à "attiser les rancoeurs entre Hans et Tibétains".
    En s'intéressant à l'entreprise de modernisation du Tibet par le gouvernement chinois, l'enquête révèle les limites des politiques de "développement rapide" lancées dans les années 1990, qui ont en réalité "créé les bases d'une marginalisation accrue" des Tibétains. Ce sont "les nouveaux venus, les Non-Tibétains, qui sont les premiers à bénéficier (de la) stratégie de chances pour tous" à Lhassa et ailleurs, soulignent les auteurs.
    Surtout, "une nouvelle aristocratie" s'est substituée à l'ancienne. A la tête de "ressources sociales complexes", elle est "plus puissante que l'ancienne aristocratie" et a adopté des "pratiques rentières". Son pouvoir provient "d'une source de légitimité externe", le gouvernement central, ce qui accroît l'aliénation de la population. Le prétexte du "maintien de la stabilité", les"accusations de séparatisme", ou "de forces étrangères" masquent comme "un cache-sexe les erreurs de gestion (des dirigeants locaux) justifiant la répression du mécontentement populaire", lit-on. L'extrême indigence des politiques culturelles et éducatives en langage tibétain a contribué, constatent les auteurs, à créer une jeunesse tibétaine désoeuvrée et ignorante de sa propre histoire culturelle.
    Enfin, le rapport considère que le "bouddhisme tibétain", qui "est à la base du système et de la culture traditionnelle tibétaine, non seulement ne devrait pas être considéré comme un obstacle à la modernisation mais plutôt comme une base sur laquelle il faut compter pour la promouvoir".
    L'enquête de Gongmeng est bienvenue dans le contexte d'omerta qui règne autour de la question tibétaine en Chine : de source chinoise et indépendante, elle confirme et nourrit la plupart des problèmes exposés par les ONG tibétaines en exil.
    Accessible en ligne, sa diffusion reste toutefois confidentielle - aucun média chinois n'en a encore fait l'écho. Mais elle a tout lieu de ne pas passer inaperçu à Pékin. "Le but est de proposer des idées constructives au gouvernement. Il est indispensable d'avoir des voix plurielles lors d'un événement aussi complexe que celui du 14 mars", confie, à Pékin, Zhang Boshu, professeur à l'Académie des sciences sociales. Proche de Gongmeng, il est l'auteur, en 2008, d'un texte corrosif sur le rôle historique du Parti communiste du Tibet.
    "Le problème du Tibet est avant tout une question des droits de l'homme. Mais ce n'est pas que cela. Les violations des droits de l'homme sont un effet, et non une cause. La cause du problème du Tibet, c'est un système dictatorial irrationnel", y écrit-il.


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  • Des milliers d’étudiants se sont affrontés à la police dans le sud de la ville chinoise de Nanjing, après que des agents administratifs aient brutalisé quelques étudiants qui vendaient de menus objets devant l’entrée de l’université aéronautique de Nankin (une pratique assez courante de marchés informels de nuit permettant à des étudiants de survivre et de poursuivre des études très coûteuses).

     

    L’incident a eu lieu le lundi soir, dans une période délicate pour le gouvernement chinois puisque dans très peu de jour, le 4 juin, ce sera le 20e anniversaire des événements de Tianamen. L’intervention des agents de la ville a conduit à un blocage de la rue par une manifestation de milliers d’étudiants de l’université. S’en sont suivis des affrontements avec la police anti-émeute qui se sont poursuivis jusqu’au mardi matin et ont fait une trentaine de blessés.

     

    Il faut savoir que les griefs des étudiants contre l’administration de la ville se sont multipliés par l’intervention de plus en plus agressive des agents municipaux. Progressivement le nombre d’étudiants qui protestaient a augmenté, des banderoles sont apparues et ce sont finalement plusieurs milliers de personnes qui se sont affronté à la police anti-émeute.

     

    Les photographies publiées sur Internet et publié dans le South China Morning Post (Hong Kong) montrent des manifestants tenant des pancartes en anglais et en chinois, avec le slogan « Non-violence et la non-coopération », inspiré par le mouvement des droits civils des États-Unis .

     

    Sachant à quel point les étudiants sont sensibilisés à l’approche de l’anniversaire de Tianamen, des membres du gouvernement de la province sont arrivés à l’université, le mardi, pour s’assurer que les protestations seraient étouffées dans l’œuf et qu’il n’y aurait pas d’autres manifestation. Les alentours de l’université sont désormais gardés par la police anti-émeute.

     

    Il s’agissait du deuxième incident lié à l’agitation estudiantine en moins de dix jours en Chine.

     

    Le 7 Mai, en effet, des centaines d’étudiants à l’Université de Zhejiang ont organisé une manifestation sur les routes de Hangzhou après la mort d’un de leur camarade renversé par une voiture en excès de vitesse. L’incident, peu politique à priori, montre quand même une situation tendue dans un contexte de crise économique et sociale fragilisant considérablement le quotidien des étudiants (frais divers, coût de la vie, chômage, etc.)

     

    D’après China Worker, le centre d’info pour les droits de l’homme (Hong Kong), et divers.



    sources : OCL , indymedia lille  , et
    Courrier international

    ÉTUDIANTS POUR UN TIBET LIBRE EXPRIME SA SOLIDARITÉ AVEC LES ÉTUDIANTS CHINOIS EN LUTTE !

    DROITS DE L'HOMME ET LIBERTÉ POUR TOUS-TES ! DÉMOCRATIE EN CHINE !


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